Je ne sais pas si je viens de Venus mais Chewi, lui, débarque d'une toute autre planète...
Depuis mercredi soir, je suis triste. Ma peine me grignote. Jeudi après-midi alors qu'elles ne connaissaient rien de la situation mes collègues m'ont renvoyée chez moi à 15h car je n'avais « vraiment pas l'air bien ». Je me contiens, je refoule mes larmes le plus loin possible, je me force à penser à autre chose mais je suis loin d'y arriver à tous les coups.
Chewi lui a eu une petite heure difficile mercredi après qu'on ait ouvert l'enveloppe maudite puis a fini par reprendre son journal après un dernier « ça fait chier c'est trop con ». Tu m'étonnes Elton! C'est trop con? tu l'as dit bouffi... Il a fait la cuisine en sifflotant. Oui oui en sifflotant... pendant que j'essayais de me contenir roulée en boule sur le lit.
Je sais que ce n'est pas de l'indifférence. Je vois bien qu'il est ému et dérouté par ma douleur. Mais j'ai quand même un peu l'impression qu'il la trouve démesurée. Pour lui on a fait ce qu'il fallait, les médecins sont avec nous il faut leur faire confiance. Il a raison mais son fatalisme m'a toujours surprise et même parfois (souvent?) dérangée. C'est le côté irlandais qui ressort. Je n'aime pas jouer les clichés mais les irlandais sont souvent comme ça. Si tu ne peux rien faire pour changer le cours des choses, accepte-les. Et je l'accepte cette foutue situation, ai-je le choix?...
C'est pas que je voudrais qu'il s'écroule dans le salon en se flagellant « C'est ma faute c'est ma très grande faute. Mes spermato sont des connards de gros feignants même pas foutus de trouver le chemin jusqu'à un ovule ». J'en demande pas tant et d'ailleurs sur ça, il n'y est vraiment pour rien. Mais quand même elle est où sa douleur???
Je sais aussi, qu'il est déçu, qu'il aurait aimé que ça marche enfin. Il m'a même réaffirmé qu'il fallait qu'on continue parce que oui ça marchera un jour et qu'on sera de super parents, mais quand même ça n'empêche que parfois j'ai l'impression qu'on est juste complètement à l'opposé...
On va passer le week-end chez une de ses anciennes collègues à Orry-la-ville. Cette charmante bourgade est à la limite de l'Oise, à plus d'une heure de RER de la gare du Nord. Quand on va les voir (1 ou 2 fois par an) en général on y va le dimanche midi, plus pratique que de prendre le RER à minuit, d'autant que la ligne D est loin d'être la plus sympathique... Mais les ses copains ont proposé qu'on y aille plutôt le samedi soir et qu'on dorme chez eux... Super ! La bonne idée ! Alors que je voudrais rester le week-end sous ma couette à me répéter à quel point je suis malheureuse et surtout ne voir personne, on va aller passer le week-end dans un coin paumé avec un couple avec DEUX enfants. Et il faudra même qu'on s'occupe de la petite dernière (un an et des cacahuètes) pendant qu'ils vont visiter une maison... Manquerait plus qu'ils nous annoncent l'arrivée du troisième et ce sera la réussite totale...
Et Chewi ne comprend pas pourquoi j'ai pas envie d'y aller... Une autre planète j'vous dis...
Bref. Je vais aller me refaire la façade, une bonne couche de trompe-couillon et quelques couleurs par-ci par-là et on aura l'impression que je rayonne de bonheur...
Vivement lundi qu'on retourne au boulot.... Mes collègues, au moins elles me comprennent, elles.