8h - en salle d'accouchement : on est parés, changés, charlottés... ça commence à prendre forme c'te affaire... La sage femme revient pour me
« brancher » au monitoring et au bidule qu'on te clippe sur le doigt pour suivre tes pulsations cardiaques. Problème : un des capteurs du monito est en panne. On ne suivra donc
jamais le rythme de mes contractions. Ce qui aurait pu nous jouer un vilain tour le moment venu, mais j'y reviendrai...
Nous voilà prêts pour la suite. Impatience et excitation se mêlent, teintés quand même d'une légère angoisse...
La question de la possibilité de bénéficier de la péridurale est toujours en suspens, l'anesthésiste étant retenu par une césarienne et le résultat de mon analyse de sang du jour toujours pas
revenu. Les contractions s'enchainent « gentiment ». Je les sens bien passer mais n'ai pas trop mal. Pas encore ! On est détendus et souriants. On attend la suite.
Mes résultats arrivent : plaquettes toujours basses mais pas catastrophiques à 97 000. La limite pour avoir une péridurale est à 100 000. La sage femme me dit que ça devrait passer mais que,
selon les jours, parfois ils refusent. On attend... Je commence à douiller un peu mais ça reste largement supportable.
Vers 9h30 l’anesthésiste arrive enfin. Les contractions restent encore largement supportables mais je sais qu'on est loin d'être rendus ! Elle regarde
mes résultats et fait la moue, puis me demande de noter la douleur entre 1 et 10. Je réponds autour de 5-6. Mon col est dilaté à 4. Elle réfléchit et semble réellement hésiter. Et finalement se
décide pour la faire mais dans l'heure. Moi qui voulais attendre un peu, je suis déçue. Mais elle m'explique qu'ils sont véritablement débordés et que soit c'est maintenant soit ça risque de ne
pas être du tout. Dis comme ça je prends maintenant ! Elle part suivre une autre césarienne et me dit que ce sera mon tour dès qu'elle aura fini.
10h30 toujours personne et je commence à espérer son arrivée de minute en minute ! Les contractions se rapprochent et commencent à être assez
douloureuses. Je souffle et accompagne la vague comme Patoche nous l'a appris. On tente quelques positions mais on est assez gauche et ça ne fait pas grand chose. Ça a au moins le mérite de faire
diversion pendant les contrax et de nous faire marrer entre ! Enfin elle arrive. Chewi en profite pour aller prendre un café et changer d'air un moment. On me branche le tensiomètre. Il me
prendra la tension toutes les 4 minutes jusqu'à la fin ! Puis elle attaque. Je dois la prévenir quand je sens monter les contractions pour qu'elle ne pique pas pendant. Ok, elle y va.
Première piqure pour endormir la zone. Je sens une contrax arriver, la préviens, elle s'arrête et reprend. Une fois la péridurale posée, la poche fixée elle m'explique qu'il est arrivé quelque
chose qui ne lui est pas arrivé depuis au moins 15 ans. Pas de pot coco ! Au moment de la contraction elle ne s'est pas arrêtée à temps et a fait une "brèche". Elle m'explique que lorsqu'on
pose une péridurale, on enfonce l'aiguille dans l'espace péridural. Au début, il y a une résistance à l'aiguille et ensuite, "ça lâche" en quelque sorte, et là, l'aiguille est allée trop loin et
a piqué le canal céphalo rachidien. Ensuite elle m'explique que ça forme une brèche dans le canal et que du liquide peut s'en échapper. Trois possibilités pour la suite : 1. aucune séquelle
, 2. quelques maux de tête qui passeront vite , 3. des maux de tête intenses, un mal de dos qui demanderont une deuxième péridurale pour aller combler cette brèche en injectant un produit. La
péridurale fait effet mais je souris jaune un peu stressée par les séquelles possibles de la chose. Par chance plus de peur que de mal, je ne ressentirai strictement rien et m'en sortirai sans
problème. Ouf !
La matinée continue de s'écouler gentiment, je sens les contractions monter et redescendre mais c'est tout à fait supportable. La sage femme passe de temps vérifier l'évolution du col qui bouge
gentiment mais assez rapidement : 4 au moment de la pose de péri puis 6 au passage suivant.
Vers 11h30 je recommence à avoir mal, j'appuie sur la petite doseuse pour m'en remettre une dose et... rien ne se passe, j'ai toujours aussi mal. J'attends
encore quelques minutes puisqu'elle elle m’avait dit qu'il fallait compter un petit quart d'heure pour que ça fasse effet. Après 20 minutes toujours rien et j'ai de plus en plus mal. Je sonne
pour appeler. Une infirmière arrive et me promet d'en parler à l'anesthésiste dès qu'elle sort de la salle d'accouchement où elle est occupée. Dix minutes plus tard je douille grave, elle arrive
enfin, me fait le coup du « si vous avez redosé il faut attendre » à quoi je réponds « mais j'ai redosé il y a plus d'une demi-heure ça marche pas ce truc ! ». Elle force
la machine pour remettre une dose et me dit qu'elle repasse dans un moment pour voir si ça va mieux, le temps de laisser passer 2 ou 3 contractions.
Vingt minutes plus tard la revoilà enfin, j'ai toujours aussi mal et même de plus en plus. À chaque nouvelle contraction je broie la main de Chewi, souffle à faire décoller l'hôpital. Échange
surréaliste
- Vous avez eu 2 ou 3 contractions ?
- J'en ai eu au moins 10 (on perd un peu el sens des réalités dans ces moments-là mais c'était plus que 3 ça c'est certain !)
- et vous avez toujours mal ?
- (serrant les dents) mouiii
- sur une échelle de 1 à 10 ?
- 9 !!!
Mais je sens qu'elle ne me croit pas. La sage femme est là aussi, elle m'ausculte en même temps. Ça avance bien, col dilaté à 7, mais le p'tit Bibouille est mal positionné. Au lieu de regarder
vers mon dos il regarde vers mon ventre le petit coquin. A ce moment-là une nouvelle contraction me broie le ventre, je souffle, gémis et massacre la main de Chewi. J'entends quelque part au
niveau de mes pieds « Ah oui elle a vraiment mal, faut faire quelque chose » Enfin... Elle me demande alors de lui dire où j'ai mal « exactement » : « A un point
très précis en bas à droite. Non pas dans tout le ventre. Non pas dans le dos. Que sur ce point en bas à droite. » Elle m'explique alors que la péridurale fait bien effet et que ce ne sont
pas les contractions que je sens car ce serait une douleur plus large, mais que ce doit être la tête de Bibouille qui, du fait de son mauvais positionnement, appuie à un endroit où elle ne
devrait pas. Surdoser la péri ne servirait donc à rien.... Moment de flottement en salle d'accouchement n°4... Je commence à me dire que j'y arriverai bien comme ça s'il le faut mais arff que ça
fait mal... La sage femme et l'anesthésiste se consultent à voix basse. L'anesthésiste propose de tenter l'injection d'un nouveau produit mais qui risque de « plomber » complètement le
bas de mon corps, je ne sentirai plus rien du tout, ce qui est contraire à ma demande de départ, dans le même temps la SF injectera également un produit sensé aider Bibouille à se retourner et à
accélérer l'ouverture du col. Je dis oui aux 2, elles injectent, vérifient pour l'une l'efficacité de l'anesthésie (je peux bouger les jambes mais n'ai aucune sensation au froid d'un glaçon ou au
pincement de doigts) pour l'autre la dilatation du col, toujours à 7 et courent vers les futures mamans en attente de soins (3 femmes dans les 3 salles autres salles d'accouchement et deux en
chambre dont une bien avancée qui attendent que des salles se libèrent).
Il est autour de midi et je respire à nouveau normalement mais ne ressens effectivement rien de rien.
À un moment je dis à Chewi que j'ai l'impression que ça pousse. Il me répond d'appeler quelqu'un. Mais comment être sûre alors que je ne sens rien ? C'est là que le capteur de contractions
aurait pu être utile, pour suivre l'intensité et le rythme et voir se rapprocher le moment M. Comme je ne suis pas sûre de moi, je préfère ne pas faire ma relou et les déranger en me disant que
quelqu'un finira bien par passer nous voir...
12h45 la sage femme arrive
- Alors comment ça va ?
- Bien. Je n'ai plus mal mais ne sens strictement rien
- Bon on va voir comment ça évolue.
Elle s'installe. Court silence de stupeur. Puis :
- Ouh là là mais je vois sa tête. Il est là votre bébé. Je file chercher une puer et on y va vite vite vite... » et sort en trombe.
On se retrouve en tête à tête avec Chewi en se disant que dans quelques minutes on sera trois...
La sage femme revient accompagnée d'une auxiliaire de puériculture. Elles s'installent et on y va.
La SF me dit que Bibouille s'est sagement retoruné et me répète qu'il a un autoroute pour sortir mais comme je ne sens absolument pas les contractions c'est la puer qui lancent les poussées en
les ressentant avec ses mains posées sur mon ventre. Une première poussée où à priori je fais bien mais pas assez fort, une 2e où elle m'encourage à donner encore plus, une 3e où je pousse encore
plus sans respirer et... je vois les étoiles, à deux doigts de tomber dans les vappes. Un p'tit coup de masque à oxygène et on repart. Deux dernières poussées et j'entends
« Ne poussez plus votre bébé est là »...
Mots magiques... qui précèdent l'instant merveilleux où elle me pose mon enfant sur mon ventre...
Il est là tout chaud, blotti contre moi, mon enfant...
Il est 13h05 et je suis maman...
La SF remplit ses papiers et nous demande si c'est une fille ou un garçon. Je n'ai même pas regardé, fascinée par mon bébé qui gémit doucement contre moi. On soulève son petit drap et je découvre
que j'ai un fils. Mon fils...
Très vite la puer l'emmène avec Chewi pour lui donner quelques soins car il s'avère qu'il était déjà bien engagé quand elles sont arrivées et qu'il a bu du liquide qui était teinté. Elle
m'explique que c'est pour ça qu'elle a dû faire une épisiotomie car même si les poussées étaient efficaces et la voie largement ouverte ça n'allait pas assez vite et le bébé en aurait souffert.
Je garde depuis le regret de ne pas avoir sonné quand j'avais senti une poussée qui en était bien une et surtout la malchance d'être tombée dans la salle avec le capteur en panne. J'aurai évité
l'épisio et l'aspiration à mon bébé. Mais ça aurait pu être bien pire si elle était venue vérifier l'évolution encore plus tard...
Quelques courtes minutes plus tard Chewi revient avec la puer et notre bébé. On nous laisse pour une heure de peau à peau au cours de laquelle notre petit qui n'a pas encore de nom sucera son
pouce à défaut de réussir à prendre le sein, sentira les caresses de son papa et sa maman sur son petit corps tout chaud, fera verser quelques larmes à sa maman...
Le 16 juillet 2012 à 13h05 une nouvelle vie a commencé, notre nouvelle vie...